KENZA SADOUN EL GLAOUI – Blogueuse « La Revue de Kenza »
Rendez-vous avec Kenza Sadoun El Glaoui, parisienne dynamique à la belle allure, remarquable entre toutes. Elle fait et défait les tendances selon ses envies et ses goûts partagés sur son blog « La Revue de Kenza ». Créé il y a 9 ans, devenu véritable référence en mode, beauté et lifestyle, Kenza a su l’imprégner de sa signature unique avec enthousiasme et créativité. Approchée par les plus grandes marques et en interaction constante avec ses followers, elle nous fait le plaisir de se livrer, sans filtre, aussi rayonnante et naturelle qu’elle est. Suivez la tendance…!
– Bonjour Kenza Sadoun El Glaoui ! Donne-moi ton nom et prénom !
Ha ben tu as tout dit ! Je peux te donner mon deuxième prénom par contre : Victoire !
– Super ! Peux-tu nous dire quel est ton métier ?
Je suis blogueuse. Mais lorsque j’ai commencé, je disais journaliste sur Internet. Et puis je ressentais que je mentais car j’avais conscience que ce n’était pas du journalisme. En fait, il était tellement difficile d’expliquer aux gens ce qu’était un blog, qu’on pouvait en vivre, etc… que je faisais ce raccourci afin de gagner du temps. Maintenant, blogueuse, c’est dans le langage commun, les gens savent.
Je fais aussi des chroniques à la télé.
– Que voulais-tu faire plus grande, lorsque tu étais petite ?
Je voulais être chanteuse, même si je ne savais pas chanter. En fait je voulais être pop star !
– Voulais-tu être célèbre ?
Non, je n’étais pas attirée par la « fame ». En fait, j’adorais organiser des shows. Lors des boums, j’étais celle qui mettait l’ambiance. En vacances, je rassemblais tous les enfants présents pour préparer des spectacles et chorégraphies. Je faisais partie des nanas populaires à l’école. Pas de la caste du type « cheerleaders », détestées par ceux qui n’en font pas parti, mais populaire parce que pote avec tout le monde. Appréciée de mes camarades, comme de mes profs, déléguée de classe chaque année. Il y a donc un lien avec le blog parce que j’ai toujours pu facilement communiquer avec les gens, et c’est peut- être ça qui a fait que le blog est devenu aussi populaire et influent par la même occasion.
– Quel a été ton parcours avant d’arriver sur le blog ?
Un peu chaotique. J’ai toujours beaucoup travaillé, sans obtenir les meilleures notes. Un peu boulet sur les bords ! Partout la moyenne, quand même. J’ai uniquement redoublé la classe de 4ème. Tu sais, c’est l’année où on vrille un peu, on connaît ses premiers émois, son premier mec, ses premières copines infréquentables… !
Après le bac, j’ai passé une année terrible en LEA à la Sorbonne, arrêtée au bout de 2 semaines. Trop chiant, donc autant ne pas aller en cours. Puis l’année d’après, je me suis inscrite dans une école de journalisme où j’ai fait 6 mois. Pareil, toujours aussi chiant. En fait, je voulais déjà travailler. J’ai appelé les magazines au culot, et j’ai commencé à faire quelques piges. Mon premier article fut pour Glamour.fr. J’avais 22 ans, et je venais de créer mon blog.
– A l’époque, cela devait être un skyblog ou un blogspot ?
Oui, c’était un blogspot. Mais à l’époque, j’écrivais surtout. Je ne me mettais pas en avant. Donc pas beaucoup de photos.
– Quels sont les thèmes abordés sur ton blog ?
C’est un blog mode, lifestyle et beauté. En moyenne, je publie un article tous les 2 jours. Entre le moment où j’ai créé mon blog et maintenant en 2017, beaucoup de choses ont changé. Notamment, la multiplicité des réseaux sociaux. Il n’y avait pas Instagram, Snapchat, Facebook, Youtube… Dorénavant, je dois couvrir tous ces réseaux et cela m’impose beaucoup plus de travail. Et grâce à ça, les marques m’ont contacté assez rapidement. Je n’ai jamais eu à les démarcher. Je sélectionne même celles avec qui je souhaite travailler !
– Les marques doivent en effet correspondre à ta ligne éditoriale ?
Oui, c’est nécessaire. Concrètement, je suis seule à diriger mon blog, mais je m’entoure quand il le faut. J’ai ma boîte et j’ai mes bureaux. Je bosse beaucoup avec mon mec qui est photographe et fait de la réalisation (ndlr : Matthieu Khalaf). Mon frère est mon manager (ndlr : Diego El Glaoui) et il s’occupe de faire le tampon avec les marques et de gérer les contrats juridiques, administratifs… Je pourrai le faire mais grâce à lui, je peux m’occuper totalement du contenu de mes articles. C’est comme un vrai business d’agence !
– Pourrais-tu nous décrire, étape par étape, ce qu’il se passe à partir du moment où un annonceur te contacte ?
On gère tout par mail. Je tiens vraiment à tout réceptionner afin de savoir de quoi il s’agit. La marque m’envoie une proposition de collaboration. Par contre, je fais vraiment attention au produit. Il faut absolument que je sois convaincue qu’en passant dans la rue, devant une boutique, je me serai retournée sur la vitrine parce que le produit m’aurait intéressé. Si la réponse est affirmative, je me lance; mais si la réponse est négative, je décline.
Ensuite, si cela fonctionne, je réponds à la marque et nous prenons contact. Il y a aussi encore des marques qui m’envoient des briefs très complets décrivant leur perception de l’article que je pourrai faire sur mon blog, ceci sans me rémunérer. Je leur réponds alors que s’ils me font un brief avec des délais et des dates de publication imposés, il faut me rémunérer car des gens travaillent avec moi, j’ai donc des frais, un bureau, et je dois payer un photographe.…
Si c’est juste un gift et qu’il m’envoie un cadeau, je ne garanti aucune publication. Et si finalement je publie un article, c’est à ma manière car je ne veux évidemment pas de pression. Mais du moment où j’accepte, c’est que j’ai eu un coup de cœur donc en général, j’en parle par la suite.
Lorsque la marque a un budget pour communiquer, on en discute avec le client, j’appelle mon frère Diego qui joue le rôle du commercial, et gère les droits d’images, d’auteurs…
Certaines marques savent exactement ce qu’elles veulent, vidéo ou photos, et te briefent au détail près. Mais ce que je préfère, c’est lorsqu’elles me laissent carte blanche sur l’entièreté du projet. Et là, je deviens Directrice Artistique !
Je sonde les gens sur Snapchat. Pour voir si le produit leur plait, quelle ligne éditoriale et artistique adopter. Cela rajoute de l’interactivité avec mes abonnés. D’autant plus qu’ils restent prioritaires sur mon blog. C’est eux qui ont le dernier mot. Alors j’en profite pour qu’ils participent un maximum à l’élaboration du projet.
– A ton avis, pourquoi les marques viennent-elles te voir plus qu’une autre blogueuse ? Peut-on dire que ton nom « Kenza » est devenu une marque ?
Les gens disent que « oui », mais cela me met mal à l’aise. Je suis peut-être encore naïve ! Il y a 9 ans à peine, le blog avait un côté très authentique, les photos étaient disons « dégueulasses ». Ça s’est professionnalisé très vite. Encore ce matin, Diego me parlait de comment gagner plus d’abonnés. Il me disait de faire des Live, qui existent d’ailleurs maintenant sur Facebook. Mais je lui ai répondu que cela ne sert à rien si c’est pour faire n’importe quoi. La plupart des filles qui le font se filment tous les soirs en train de mater la télé, ou se pitchent en direct avec leurs abonnés sans avoir grand-chose à dire.
– D’ailleurs, que penses-tu de la nouvelle génération dites « d’influenceurs » ? Souvent issue de la télé-réalité, ils passent leur temps à faire des selfies. Ils dépassent les 250 000 abonnés sur Instagram et les marques les contactent pour avoir une visibilité sur leurs réseaux. Pourtant, ils font cela en amateur, avec leur propres moyens.
Franchement, je n’ai rien contre eux. Lorsque nous sommes arrivées, nous les blogueuses, nous nous faisions autant « défoncer la gueule ». Nous prenions des photos de nous-mêmes en solo pour proposer des tenues, équipées d’un pied et d’un déclencheur automatique ! Nous étions le comble de la superficialité et du néant aux yeux des gens. Mais ces « influenceurs », je ne les follow pas vraiment car je ne trouve pas cela très qualitatif. La bouche en cul de poule par exemple, je ne trouve pas cela très vendeur !
– Penses-tu qu’ils soient eux-mêmes les initiateurs de leur propre succès ? Cela les entraîne t-il forcément dans une culture de buzz à excès ?Tous les jours, des filles me demandent comment gagner des abonnés, comment recevoir des produits des marques, comment arriver à en vivre. Tout ça parce que c’est la nouvelle mode, et que tout le monde veut devenir blogueur, instagrammer ou youtubeur. Internet, c’est bien mais ça « fucked up » les gens ! Aujourd’hui, j’ai 30 ans et j’arrive à avoir du recul sur le métier. A l’époque, on vivait aussi d’autres vices en même temps. C’était le début de la télé réalité et tout le monde voulait devenir chanteur via les émissions de télé crochet ! Chaque génération détient ses propres vices. Maintenant, on est à la course aux clics, alors on provoque le buzz pour profiter du système web. Mais cela peut vite devenir fake, et les gens ne sont pas dupes.
– Comment décrirais-tu ta communauté ? Par exemple, tu as moins d’abonnés que certains autres influenceurs, mais on va dire que ta communauté est beaucoup plus présente et plus active, n’est-ce pas ?
Oui ! Déjà, elle me suit depuis mes débuts, donc on a le même âge maintenant. Ils sont entre guillemets « convaincus par ce que je leur dis », et puis on a forcément les mêmes goûts. Ils relaient assez souvent mes articles. Alors, il arrive qu’une marque de luxe très connue m’appelle pour travailler avec eux. Il est évident qu’ils n’ont pas besoin de moi pour leur donner de la visibilité. Mais parfois ils peuvent avoir besoin qu’on rende leur produit plus cool. Et c’est là que j’interviens. Je n’ai pas besoin que l’article sur mon blog rencontre beaucoup de succès, l’important c’est surtout que la marque reparte avec un contenu siglé de notre expérience et que cela leur ramène du référencement.
– Quel est ton actualité et comment imagines-tu ton futur ?
Et bien, je me suis mise au Vlog ! D’ailleurs, je n’aurai jamais pensé qu’un jour j’en viendrai à raconter ma vie et à l’illustrer en images. Mais l’exercice est plutôt sympa ! Maintenant, les vlogs sont de plus en plus évolués, notamment grâce aux nouvelles caméras qui font de superbes images.
Et je me lance dans la découverte musicale, en faisant des vidéos présentant des artistes que j’apprécie.
En fait, je provoque des nouveaux concepts. Je n’attends pas qu’on vienne me les proposer, car personne ne va venir te dire quoi faire.
– Que fais-tu sur LCI ?
Je fais une petite chronique mode, le dimanche matin à 9h. Personne n’a dû la voir d’ailleurs, car tout le monde dort à cette heure-ci !
– …Ou bien va se coucher !
En effet, cela doit être l’heure à laquelle tu vas te coucher, effectivement ! (rires) Mais l’exercice est très agréable. Et puis ça change.
– D’ailleurs, tu as eu ton petit scandale à toi lorsqu’un article est paru disant que tu posais topless sur des photos, soit dit en passant de notre chère amie Alix de Beer ! Alors qu’il faudrait dire que la photo est tout simplement une photo un peu stylée « qui ne casse pas trois pattes à un canard niveau nudité » !
Oui, c’était ridicule. J’en ai rigolé avec mes potes d’ailleurs ! Mais l’annonce sur l’article « Une chroniqueuse de LCI se met à nue », c’était n’importe quoi. D’abord je ne suis pas chroniqueuse, je suis blogueuse avant tout et en plus l’image d’Alix était plus dans la mignonnerie que dans l’attitude sexy au sens propre. Tout pour le putaclic, encore…
En plus cela ne me gêne pas de faire des photos sexy. J’en ai déjà fait plein, mais jamais vulgaire.
Par curiosité, as-tu des endroits à nous conseiller ?
Oui, il y la café d’une copine blogueuse, Fanny « Play like a girl ». Cela s’appelle le « Passager Café ». On y trouve les meilleurs scones du monde !
Sinon, je passe le reste de mon temps à flâner dans le Marais. J’ai mes petites habitudes chez Carette, place des Vosges, comme une mamie ! J’y donne mes petits rendez-vous. D’ailleurs, je vais m’installer à Los Angeles à la rentrée. Cela va me manquer…
– Et pour finir, as-tu trouvé ta propre définition du bonheur ?
Non ! En fait, je crois que le bonheur arrive par phase. Ça va, ça vient. Pour être heureux, il faut vraiment être en accord avec soi-même et en ce moment, ce n’est pas la phase où je le suis le plus. Pas à cause du travail, car j’adore ce que je fais. Mais surtout à cause du surmenage dans la vie que je mène, et de la façon dont je la mène. J’ai l’impression de passer à côté de beaucoup de choses, finalement.
Blog « La Revue de Kenza »
Facebook : www.facebook.com/LarevuedeKenza
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Propos recueillis par Cédric Canezza,
Retranscription écrite assisté par Diana Saliba.